Climat et vendanges : comment les vignerons s’adaptent aux caprices de la météo

Dans les rangs de vigne, les gestes changent. Certains retardent la taille pour éviter que les bourgeons sortent trop tôt et soient grillés par le gel. D’autres vendangent de nuit pour garder la fraîcheur et préserver l’acidité des raisins. L’effeuillage, autrefois très pratiqué, est désormais mieux ajusté pour protéger les grappes du soleil brûlant. L’enherbement devient central : laisser pousser l’herbe entre les ceps permet de garder l’humidité, de limiter l’érosion et de renforcer la biodiversité. Parfois les vignerons recouvrent les raisins d’argile pour les protéger comme une crème solaire naturelle.

L’adaptation passe aussi par les cépages. Le Marselan, le Mourvèdre ou le Touriga Nacional s’installent dans les parcelles pour résister à la chaleur. Des cépages anciens refont surface, tandis que les hybrides, longtemps délaissés, séduisent à nouveau par leur résistance aux maladies. Face au manque d'eau, certains cépages comme le Grenache se distinguent par leur capacité à limiter leur consommation.

Capteurs, drones et modèles climatiques guident les vignerons dans leurs choix et aident à décider du moment idéal pour vendanger. Ces technologies permettent de protéger les raisins et de préserver la qualité des vins malgré des conditions climatiques de plus en plus imprévisibles. Certains vignerons vont encore plus loin et repensent leurs vins pour mieux s’adapter. À Bordeaux, le retour de l’AOC Bordeaux Clairet, un rouge léger et rafraîchissant, montre qu’il est possible de composer des vins adaptés à la chaleur tout en restant fidèle au terroir.

Le changement climatique fait évoluer la carte des vignobles français. Certaines régions qui n’étaient pas connues pour le vin, comme les Hauts-de-France ou la Bretagne, voient apparaître de nouvelles plantations. Même d’anciens sites miniers accueillent désormais des vignes, avec des vins comme le "Charbonnay" qui séduisent de plus en plus. En parallèle, des maisons de Champagne investissent et plantent au Royaume-Uni pour suivre les conditions climatiques idéales. Ces exemples montrent que les vignerons s’adaptent et que la viticulture française pourrait changer de paysage dans les années à venir.