Le vin chaud ou comment lutter contre le froid

Connue et reconnue, cette boisson séculaire est un protagoniste incontournable de nos hivers européens. On attribue très facilement l’origine du vin chaud aux pays scandinaves ou germaniques alors qu’en réalité, on trouve les prémices de ce breuvage avec l’Empire Romain. Un mélange de miel et de vin rouge était alors porté à ébullition, après quoi des épices et des dattes étaient ajoutées à la préparation. Au fil du temps, de nombreuses variantes ont été déclinées depuis cet hydromel originel. Chacun y allant de son imagination et de sa touche personnelle, le vin chaud s’est vu nommé de manières très différentes : « piment », « ipocras », « garhiofilatum », « glögg », « vin brûlé »…

Aujourd’hui les plus grands fans se trouvent dans les régions les plus sujettes aux grands froids de l’hiver : dans le nord de l’Europe (Suède, Finlande, Grande Bretagne, Danemark…) et dans les zones centrales (Allemagne, Autriche, Roumanie, Hongrie, Pologne, France…). Certains iraient même à avancer que c’est le Père Noël lui-même qui le distribuerait aux enfants le soir de Noël (à l’époque où le vin était suffisamment chauffé pour faire disparaitre quasiment toute trace d’alcool…).

Et parce que c’est un cordial intemporel, voici un petit florilège des grands classiques qui évoquent ce vin chaud aussi traditionnel que revigorant :

• Dans son œuvre Prisons et Paradis, Colette évoque l’initiation au vin d’une enfant, allant du Muscat jusqu’aux vins déjà resplendissants de Château Yquem :


"J'ai été très bien élevée. Pour preuve première d'une affirmation aussi catégorique, je dirai que je n'avais pas plus de trois ans lorsque mon père, partisan des méthodes progressives, me donna à boire un plein verre à liqueur d'un vin mordoré envoyé de son pays natal : le muscat de Frontignan. Coup de soleil, choc voluptueux, illumination des papilles neuves ! Ce sacre me rendit à jamais digne du vin. Un peu plus tard, j'appris à vider mon gobelet de vin chaud, aromatisé de cannelle et de citron, en dînant de châtaignes bouillies. À l'âge où l'on lit à peine, j'épelai, goutte à goutte, des bordeaux rouges anciens et légers, d'éblouissants Yquem. Le champagne passa à son tour, murmure d'écume, perles d'air bondissantes ; à travers des banquets d'anniversaires et de première communion, il arrosa les truffes grises de la Puisaye… Bonnes études, d'où je me haussais à l'usage familier et discret du vin, non point avalé goulûment, mais mesuré dans des verres étroits à gorgées espacées, réfléchies."


• Alfred de Musset, dans Il ne faut jurer de rien, Valentin donne à Van Buck quelques bons conseils :


"Vous vous mettrez au coin du feu, et vous nous commanderez un grand bol de vin chaud avec du sucre et de la cannelle."

Préparation : Versez le vin dans une casserole et faites-le chauffer sans le laisser bouillir avec l’anis étoilé. Ajoutez le sucre, les bâtons de cannelle, les clous de girofle, le poivre et les zestes d’orange. Laissez frémir sur feu très doux 20 mn. Filtrez et servez bien chaud.

L'astuce : Votre vin chaud ne doit jamais bouillir, mais seulement frémir. Selon les goûts, on peut ajouter du genièvre, du gingembre…

Bonne dégustation, et n'hésitez pas à nous faire part de vos propres expériences autour du vin chaud !